Aimé SOUCHÉ
Aimé Honoré SOUCHÉ est né le 22 janvier 1888 à Pamproux (Deux-Sèvres).
Il habite Pinvray (Vienne) où il devient instituteur.
Il fait ses classes à Poitiers en 1908, numéro 160.
Il est sergent dans le 268ème Régiment d'Infanterie.
Il est fait prisonnier le 6 novembre 1914 à Ypres.
Il est incarcéré dans le camp de Gardelegen (présent en janvier 1915).
Le 29 août 1915, il est évacué vers le camp de Merseburg.
En février 1916, il est transféré dans le camp de Wittenberg puis, en mars 1916 dans le camp de Quedlinburg.
Il embarque avec 1500 autres prisonniers pour Schaulen (en Pologne), véritable camp de représailles où il casse des pierres à longueur de journée, dans des conditions déplorables et en souffrant encore plus de la faim.
En octobre 1916, il est de retour dans le camp de Quedlinburg, dans la 1ère compagnie baraque 3B, sous le numéro 1609 . En mars 1917, il déménage, dans la 5ème compagnie baraque 27B .
Il connaît donc très probablement Jules Monjour, rédacteur en chef du Journal du camp "le Tuyau", et Didier Durand qui fut critique musical pour le Tuyau, qui ont occupé la même barraque que lui.
Refusant de travailler, il subit diverses punitions comme la cellule, les marches forcées en rond durant 5 heures, torse nu sous la neige au garde à vous durant des heures. Ses colis alimentaires étant pillés par les allemands (c'est la disette à cause du blocus) il souffre de la faim. Il s'affaiblit et attrape une grippe infectieuse compliquée de congestion pulmonaire.
En janvier 1918, il déménage une nouvelle fois à l'intérieur du camp de Quedlinburg et passe la dernière année de sa captivité dans la 2ème compagnie.
Il raconte dans son carnet, que des russes, désespérés par la faim, se jettent sur les barbelés où les Allemands les tirent comme des lapins. Le 1er avril 1917, il note "Un Boche de 18 ans vient de tirer sur un groupe de Russes affamés qui tendaient leur gamelle vers notre baquet de soupe. Trois ont été tués. D'après les recoupements, il s'agit de : - Fedof MEFODIEW, 30 ans, - Pawel POLESCHUK, 32 ans - et Wisili SUCHICH, 28 ans. Les Italiens ne sont pas mieux lottis "je vois les hommes agenouillés arracher des maigres touffes d'herbe qui poussent aux pieds des poteaux et les manger... Malgré notre propre faim, avec mes camarades nous coupons un maigre quignon de pain en tranches fines pour le leur donner à travers les barbelés... Les malheureux se précipitent brutalement, avidement et piétinent, écrasent les morceaux...mais tout a été ramassé et dévoré sur le champ, miette, terre et boue..." Extrait de son carnet en novembre 1917. Le 10 décembre 1917, il ajoute: "Les Italiens ont dévoré toute l'étroite bande d'herbe verte qui poussait sous la protection des fils barbelés."
Il est rapatrié le 12 janvier 1919. Il revient amaigri et malade (diabétique).
3 jours après sa démobilisation il devient inspecteur des écoles. C'est grâce à ses livres, notamment sa grammaire, que bon nombre d'enfants apprenent le français (de 1930 aux années 1970).
Lors de la Seconde Guerre Mondiale il est dans la résistance et ce sont les séquelles de sa captivité passée (celle de la Première Guerre Mondiale) qui le sauveront de la Gestapo. On le croit en effet perdu à cause de la gangrène induite par son diabète. Il sera finalement amputé d'une jambe, jambe qui sera emmenée au cimetière dans un cercueil par les pompes funèbres (ce qui trompera la Gestapo qui était venu l'arrêter et qui occupe la maison).
Sources
Prisonnier signalé par Jean-Louis BAUVERT, qui a communiqué les extraits des souvenirs et les photos d'Aimé SOUCHÉ.
Voir sa fiche matricule (vue 252).
Voir au CICR, archive n°P12528, archive n°P29813, archive n°P35510, archive n°R3184 .