Lettres d'une allemande à Vital VERNET

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Le 31.10.18
Mon cher ami,je t'appelle ainsi mon cher Werner et n'écrirai pas mon nom en signature car il pourrait un jour arriver quelque chose, il faut être prudent.
Maintenant je suis ... et tu es loin de moi mais en pensée nous serons souvent ensemble parce que nous nous sommes beaucoup aimés, cet amour secret.
Avant tout, je dois te remercier pour tes gentils cadeaux et pourtant j'attends ta chère bague que je porterai toujours en pensant à toi, et qui sera un souvenir éternel d'un ami cher.
Oui, mon cher, toi, je t'ai tant aimé, seule la prudence me rendait si calme d'apparence, et toujours les gens.
Si nous pouvions nous aimer librement, que ce serait beau. Werner, nous ??? ???
Qu'est-ce que tu me manques, et je ne sais pas si je te reverrai un jour.
Ton doigt brûle encore sur mes lèvres et j'aurais bien voulu t'appeler (???) pour n'aimer que toi, ah toujours t'aimer.
Je suis maintenant si fatiguée et je vais me coucher avec un morceau de chocolat de toi, et rêver que je suis en pensée près de toi.
La nuit dernière, je n'ai pas pu dormir du tout. J'aimerais être avec toi maintenant, il est 10 h.
Pour aujourd'hui, je t'envoie mille salutations et bises.
Ta petite chérie
SVP, déchirez la lettre
M. Wehlmann
Falkenstein
Berlin?
Engel-shore. 1-D

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Le 11.11.18
Mon cher ami,
Aujourd'hui j'ai enfin reçu après une longue attente ta gentille carte, qui m'a fait grand plaisir.
Tu as tant de gentils mots pour moi et toujours en pensée à ces heureux moments.
Oui c'était des moments secrets et heureux auxquels je vais encore longtemps penser.
Tu sembles avoir du mal à écrire l'allemand mais j'ai pu tout lire et tu te débrouilles très bien.
Je sais bien que tu aimerais m'écrire plus mais que tu ne peux pas.
Mais ta petite amie allemande te comprend fort bien et est très satisfaite de son amoureux.
Tu vas donc bientôt devoir partir car la paix est proche, je veux voir si je peux encore venir te voir, mais je ne crois guère possible, le temps sera trop court, et d'un coup cela arrivera très vite.
L'autre fois aura donc été notre adieu et penses donc encore parfois à ta petite amie allemande qui...

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Le 17.11.18
Mon cher ami, ton « bonjour » m'a été transmis par Anna et je veux te remercier.
Maintenant tu vas bientôt retourner dans ta patrie, et entre nous s'étendra un vaste pays, je penserai encore bien des fois à mon amoureux étranger.
J'aurais bien aimé te revoir encore une fois mais nous devons nous séparer par lettre interposée car je ne peux prendre de congés.
Ta bague, je la porterai comme un souvenir éternel, accordes-moi une seule chose, n'oublie pas totalement ta petite amie allemande.
Tu y penseras peut-être bien des fois à l'avenir.
Elle t'a un temps aimé avec un bonheur indicible, et maintenant l'amour doit de nouveau mourir car qui sait si nous nous reverrons.
Eh bien je te souhaite un bon voyage de retour et une belle longue vie.
Adieu et laisse moi t'envoyer le dernier salut avec un baiser chaud
Ta petite chérie allemande

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Le 6.12.18
Mon cher ami,
j'ai reçu aujourd'hui ta carte, et je veux encore te répondre tout de suite, tu devrais encore recevoir [cette lettre].
Encore un grand merci pour tes gentils mots, cela m'a fait bien plaisir.
Mais, mon cher, je ne peux pas venir à nouveau, même si j'aimerais encore une fois te voir, cela ne va pas.
Le délai est trop court car il n'y a pas de trains, et les soldats chez toi ne me laisseraient pas passer, seules les personnes qui en ont vraiment besoin sont autorisées à voyager.
Et je ne peux donc pas dire que je viens te voir.
Nous ne nous reverrons donc pas car tu pars dans un pays pour moi étranger, et qui sait ce qui arrivera ensuite.
Penses alors de temps en temps à une gentille petite amie allemande qui a raccourci le temps passé en captivité avec des moments agréables.
Envoies-moi un jour un bonjour depuis ta patrie, cela me ferait bien plaisir.
Quant à l'avenir, ce qui viendra avec le temps, je ne sais pas dire, qui sait ce qui adviendra.
Je n'ai pas encore reçu ton paquet, il arrivera bien, tout prend tant de temps maintenant.
Je te remercie beaucoup pour tout, adieu et rentre bien et en bonne santé dans ton pays.
Amitiés et bises
Ta Chérie

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Le 18.12.18
Mon cher ami,
merci beaucoup à toi pour ta gentille carte.
Mon bon ami, tu penses encore que je dois venir, te voir.
Oui, je voudrais bien venir et être encore une fois joyeuse et heureuse.
Te revoir encore une fois pour que cette belle période s'ancre bien dans le souvenir.
Mais de toute façon je ne l'oublierai pas et je penserai toujours à mon chéri, qui me ??? je crois, m'aime beaucoup.
Nous avons/recevons ici ??? et je ne peux pas venir, quand on est en poste [de travail], on est lié.
Vois-tu, si j'étais une fille riche, je n'en aurais pas besoin. Mais je suis pauvre et donc obligée de travailler pour pouvoir vivre, et donc obligée de renoncer au bonheur que serait de revoir mon chéri.
Cela n'est pas beau, mais vrai.
Maintenant tu penses encore à moi, mais une fois que tu seras de retour dans ta patrie, tu finiras par oublier ta petite amie allemande.
Ne m'en veux pas, je voudrais bien venir te voir, mais je ne peux donc pas.
C'est triste, mais vrai mon chéri.
En pensée je suis toujours auprès de toi et je me souviens toujours de nos bons moments.
Un bonjour à Anton et, à toi, j'envoie mille baisers.
Ta petite chérie

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Vital VERNET est rapatrié en France le 6 janvier 1919.
Il s'y marie finalement avec Marie-Eugénie ODDE (une française) en août 1821 dont il aura une fille.

Gageons qu'il n'a pas oublié cet "amour de jeunesse" puisqu'il a conservé ces lettres.

Sources

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Courriers (et traduction) communiqués par Maxime GAY.